L’expertise scientifique au d fi de la crise sanitaire

October 2020

Louis Nouaille-Degorce

Les Papiers de Recherche De l'ENA

Collection: Administration et Gestion Publiques

Le concept d’expertise, apparue dans la langue française au XIVe siècle, s’est d’abord essentiellement rattaché au champ juridique : c’est alors la « mesure d’instruction par laquelle des experts sont chargés de procéder à un examen technique et d’en exposer le résultat à un rapport au juge » (Delmas, 2011).

L’expert s’impose progressivement en-dehors du domaine juridique, à partir du XVIII-XIXème siècles, comme la figure du spécialiste choisi pour ses compétences techniques pour éclairer l’autorité (c’est « l’œil du juge »), puis, dans une acception plus large, toute personne habilitée, sur la base de ses compétences techniques spécialisées, à fournir des évaluations ou des appréciations écartant toute subjectivité ou opinion personnelle. Dégagé de tout intérêt dans l’affaire sur laquelle il se prononce, l’expert intervient dans le cadre d’une connaissance précise. S’il oriente le processus de prise de décision, il s’inscrit, dans cette acception, dans un registre d’action strictement scientifique là où le conseiller assume une subjectivité politique (Encinas de Munagorri, 2002). Détenteur d’un savoir de compétence, l’expert ne tient cependant pas sa légitimité en tant qu’expert de lui- même, mais bien du pouvoir politique : c’est celui-ci qui, face à une problématique délicate, va faire appel à lui, pour une mission spécifique et dans un rôle précis (Chevallier, 1996, Gornitzka, 2010).

Read the full article here...